Fourrure et neige

Les premières neiges de l’année sont annoncées. Mon sac est rempli de tout ce qu’il faut pour une nuit dans la bise et la neige: quelle perspective réjouissante! Arrivé au sommet, la neige se fait encore attendre, elle tombera certainement durant la nuit.
Aux premières lueurs, l’ambiance est fantastique. Le vent balaye la crête derrière laquelle je m’étais abrité, il neige horizontalement. Une fois le bivouac plié, je me lance en quête de traces, mais la neige les effacent aussitôt après les avoir imprimées. Par chance, j’aperçois en lisière de forêt une masse noire disparaître à mon arrivée. Les jumelles sont obstruées par la neige mais les traces sont encore visibles, le groupe de chamois n’est pas loin. Dans la forêt, l’ambiance est plus calme, la neige tombe en douceur. Les chamois n’ont pas décelé ma présence, la plupart d’entre eux se repose entre les vieux sapins. Dans leurs épaisses fourrures, les jeunes de l’année comme le vieux mâle dominant ne sentent pas la morsure du froid. Recouverts de neige, ils ruminent la mine détendue. Les effets du rut se font encore sentir. Le dominant repousse inlassablement les plus jeunes.
Bien emmitouflé dans mes habits chauds, j’envie leur adaptation parfaite à ce milieu inhospitalier.