L’heure bleue

Dans les montagnes jurassiennes, février sonne le début de la période des amours pour beaucoup de ses habitants. La nature reprend gentiment vie après un hiver bien trop doux. Les forêts sauvages s’animent du chant du merle et de la grive le jour et celui des chouettes et du lynx la nuit. Sur le haut de la falaise, un autre prédateur commence ses parades amoureuses.
A la nuit tombée, je rejoins une petite grotte aménagée en affût l’année précédente. Tout juste la place pour installer mon sac de couchage: le confort est rudimentaire mais fait le plus grand bien après une semaine de confort. Tout est en place pour 24h d’attente, et si tout va bien, demain matin les cris de faucons me réveilleront à l’aube. Plongé dans le monde des pèlerins, la journée passe vite. Les allers et retours du mâle s’enchaînent, avec tantôt une grive tantôt une mésange au bec. Quand il part en chasse, la femelle passe des heures à prendre soin de son plumage. Elle préserve son énergie pour la ponte et les quelques semaines de couvaison. A la nuit tombée, je quitte silencieusement mon repaire, content malgré tout de déplier mes jambes après des heures d’immobilité.